Gestion des tourbières

Qu'est-ce qu'une tourbière?

Les tourbières sont un type d’écosystème de milieu humide unique en son genre dont les sols, composés de matière organique, sont appelés de la tourbe. La tourbe est de la matière végétale partiellement décomposée qui se forme dans des environnements acides mal drainés et pauvres en oxygène. Dans ces conditions, la matière végétale s’accumule plus vite qu’elle ne se décompose et aboutit lentement à la formation d’une tourbière, après de milliers d’années. La tourbe est principalement composée d’un type de mousse particulier appelé la sphaigne, mais elle peut aussi contenir d’autres mousses et espèces végétales de milieux humides. En vertu de la définition canadienne, une tourbière doit contenir un minimum de 40 cm de tourbe.

Le système de classification des terres humides du Canada (en anglais seulement) identifie deux types principaux de tourbières : les bogs et les fens.

Les bogs sont généralement légèrement élevés par rapport au terrain avoisinant à cause de leurs profonds dépôts de tourbe. Ils sont donc des systèmes isolés dont l’apport d’eau provient uniquement des précipitations (systèmes ombrogènes). Par conséquent, les bogs sont faibles en minéraux et en nutriants et leur biodiversité est généralement inférieure. Les bogs sont habituellement dominés par la mousse de sphaigne, mais peuvent aussi avoir des arbres ou arbustes.

Shubby treed bog

Sphagnum moss

Les fens reçoivent un certain apport d’eau de surface ou d’eau souterraine et contiennent donc plus de minéraux et de nutriants (minérogènes). Par conséquent, les fens ont une meilleure diversité et contiennent différentes espèces de mousse des terres humides, de carex, d’arbustes et d’arbres.

Sedge dominated fen

Les marécages sont parfois classifiés dans les tourbières comme ils peuvent se développer sur des sols minéraux et tourbeux.

Les tourbières au Manitoba

Les tourbières ont commencé à se former au Manitoba il y a environ 9 000 ans, après la dernière glaciation. Elles se trouvent principalement dans l’écozone boréale et sont concentrées dans les basses terres de la baie d’Hudson, autour du lac Winnipeg, de la région de The Pas et dans le coin sud-est de la province. Au Manitoba, les tourbières peuvent contenir plus de cinq mètres de tourbe.

On trouve environ 17 % des tourbières du Canada au Manitoba. Les tourbières représentent environ 90 % des milieux humides du Manitoba et couvrent plus de 200 000 km2, soit un tiers de la province1. Cliquez ici (en anglais seulement) pour voir une carte montrant les types de terres humides au Manitoba et leur distribution.

1Halsey, L., Vitt, D. and Zoltai, S. (1997). Climatic and physiographic controls on wetland type and distribution in Manitoba, Canada. Wetlands, 17(2): 243-262. (en anglais seulement)

Loi sur la protection des tourbières et règlements

La Loi sur la protection des tourbières proclamée en juin 2015, est le premier texte de loi portant uniquement sur les tourbières au Canada. Cette loi veille à l’équilibre entre la conservation des tourbières et le développement raisonnable. La nouvelle loi exige maintenant que les titulaires de licences d’extraction de la tourbe soumettent des plans complets de gestion et de remise en état des tourbières. Les lignes directrices de ces plans sont en cours d’élaboration et les commentaires du public à leur sujet pourront être reçus sur ce site dès qu’elles seront terminées.

La Loi prévoit aussi des restrictions sur l’exploitation commerciale future de la tourbe dans les parcs provinciaux et les zones de gestion de la faune, et habilite la province à désigner les tourbières d’importance provinciale et à les protéger.

L'industrie d'extraction de la tourbe au Manitoba

L’extraction de la tourbe, une importante source de combustible, a commencé en Europe aux 12e et 13e siècles. Au Canada, l’extraction a commencé dans les années 1860 dans les provinces de l’Est. Aujourd’hui, l’industrie commerciale de la tourbe au Canada œuvre dans six provinces et fait principalement l’extraction de la tourbe à des fins horticoles.

L’extraction de tourbe au Manitoba a commencé vers 1940 et aujourd’hui, elle représente environ 18 % de la production canadienne totale de tourbe horticole. Deux types de tourbe sont récoltés au Manitoba, la tourbe de carex et la tourbe de sphaigne. La tourbe de sphaigne est extraite de bogs et est utilisée en horticulture commerciale et domestique. L’industrie de la tourbe de sphaigne comprend des entreprises internationales basées au Canada, dont bon nombre sont représentées par l’Association Canadienne Tourbe De Sphaigne. La tourbe de carex est extraite de tourbières fen, et sert principalement d’additif pour les sols en aménagement paysager.

Actuellement, 10 entreprises de tourbe détiennent 22 licences d’extraction de la tourbe, deux entreprises de tourbe de carex et huit de tourbe de sphaigne. De l’ensemble de la zone visée par des licences, 11 % des tourbières faisaient l’objet de récoltes en 2017. Cliquez ici pour voir une carte des titulaires de licence d’extraction de la tourbe au Manitoba.

Vacuum Harvesters

Des arracheuses pneumatiques sont utilisées pour extraire la tourbe des champs préparés. Elles ne peuvent extraire que quelques millimètres de tourbe par passage et doivent attendre que la surface soit sèche pour repasser. Environ 10 cm de tourbe peuvent être extraits lors d’une saison.

Source: Berger Peat Moss Ltd.

Aerial photo of harvested peat field

Photo aérienne de champs de tourbe exploités.

Source: Planet Labs Geomatics Corp.

Remise en état des tourbières et recherches dans ce domaine

La Loi sur la protection des tourbières reconnaît le besoin de recherche continue sur les tourbières et de stratégies exhaustives de remise en état des tourbières exploitées. Conformément à la Loi, les titulaires d’une licence d’extraction de la tourbe doivent remettre en état les tourbières exploitées selon les lignes directrices sur la remise en état des tourbières du Manitoba.

Plusieurs entreprises d’extraction de la tourbe au Manitoba ont déjà entrepris des plans et des activités de remise en état des terres, ainsi que des projets de recherche sur la restauration des tourbières, en collaboration avec des établissements d’enseignement. Jusqu’à ce que les lignes directrices provinciales soient terminées, les producteurs de tourbe utilisent les lignes directrices établies par le Groupe de recherche en écologie des tourbières, un groupe de renommée internationale basé à l’Université Laval, à Québec. De nombreuses entreprises sont aussi certifiées selon la norme Veriflora (anglais seulement), qui comprend des exigences relatives à la planification de la remise en état.

De la mousse de sphaigne extraite d’une tourbière donatrice est étendue sur la tourbière exploitée afin d’entamer le processus de remise en état.

Du paillis de paille est répandu sur la mousse afin de la protéger pendant qu’elle s’établit sur le site remis en état.

La tourbière Bois-de-Bel, au Québec, remise en état par le Groupe de recherche en écologie des tourbières. Cette photo a été prise 12 ans après la restauration.